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Le drenchage des bovins

La pratique du drenchage n’est pas récente, mais avant on utilisait un simple tuyau et un entonnoir ! Le matériel d’aujourd’hui est plus sophistiqué et d’une utilisation plus sûre.

Qu’est-ce que le drenchage ?

Le drenchage consiste à envoyer, directement dans le rumen ou éventuellement dans l’œsophage, de grandes quantités de liquide par voie orale, à l’aide d’une sonde reliée à une pompe. Jusqu’à 50 litres de liquide peuvent ainsi être administrés à un bovin adulte.

Il existe des modèles plus petits pour les veaux permettant l’administration de 1 à 2 litres de liquide. Sur ces « calf-drencheur », il n’y a souvent pas de système de pompe mais un récipient à l’extrémité de la sonde.

Le liquide de drenchage peut être de l’eau, enrichie ou non en électrolytes, du colostrum ou du lait.

Quels sont les avantages, par rapport à une perfusion par voie intraveineuse (IV) ?

Les volumes de liquide administrés sont beaucoup plus importants, en peu de temps. Le drenchage permet également l’administration de grande quantité de potassium, ce qui est impossible en IV en raison du risque d’arrêt cardiaque.

Les deux techniques de fluidothérapie (perfusion IV et drenchage) sont souvent utilisées en complément, le drenchage pouvant être réalisé avant, après ou en même temps que la perfusion.

Dans quels cas le drenchage est-il utilisé ?

Le drenchage est utilisé chez la vache dans différentes situations :

  • En post-partum, pour compenser le manque d’appétit de la vache et/ou lui administrer des sels de calcium (prévention de la fièvre de lait) ou du propylène glycol (prévention et traitement de l’acétonémie).
  • Après une opération (caillette, césarienne) ou après une maladie (acétonémie, hypocalcémie, mammite aiguë) pour relancer l’appétit quand la vache ne s’alimente pas spontanément ou lui faire avaler des médicaments ou des nutriments peu appétents (oligo-éléments ou vitamines).

Selon les publications scientifiques, un drenchage systématique juste après le vêlage permettrait un meilleur démarrage de la production laitière, surtout chez les vaches laitières hautes productrices, en compensant rapidement la perte de fluides inévitable au moment de la mise-bas. Enfin, d’une façon purement mécanique, en remplissant le rumen, il diminuerait le risque de déplacement de caillette. En pratique, il faut apporter 30 à 50 litres d’eau tiède à 37 °C à laquelle on ajoute 500 g de propylène glycol. Il existe également dans le commerce des sachets d’additifs qui permettent d’apporter du calcium, du magnésium… Dans tous les cas, le liquide doit être tiédi avant l’administration !

Le drenchage peut également être employé pour réhydrater un bovin : étant donné la grande contenance du rumen, il se crée un gradient osmotique dû à la différence de pression de part et d’autre de la paroi ruminale, d’où un passage de liquide dans la circulation sanguine.

Chez le veau, le drenchage est principalement indiqué en cas de diarrhée importante, pour compenser rapidement les pertes en eau. On utilise alors des solutions de réhydratation orale.

Attention, en cas de diarrhée abondante et brutale sur des veaux de moins de 3 jours ou de dégradation rapide de l’état général, le drenchage doit obligatoirement être complété par une perfusion afin de corriger le plus rapidement possible la déshydratation et les troubles métaboliques, dont l’acidose.

Il est possible d’utiliser un drencheur pour donner du colostrum ou du lait à des veaux qui ne tètent pas bien ou pour être sûr de la quantité réellement absorbée.

Y a-t-il des contre-indications ?

L’utilisation d’un drencheur est contre-indiquée en cas d’obstruction œsophagienne ou d’acidose lactique aiguë.

Il est également préférable de ne pas sonder les animaux inconscients ou très faibles du fait des risques de fausse déglutition.

Comment savoir avec quoi drencher pour réhydrater un bovin ?

Différents types de solutés sont en vente. Ils apportent des électrolytes (sodium, chlorure et potassium principalement), de l’énergie (pour lutter contre l’hypoglycémie) et des substances tampon ou alcalinisantes (pour lutter contre l’acidose) en quantités très variables.

Pour évaluer la quantité de liquide à administrer, il faut tenir compte des besoins d’entretien, de la correction de la déshydratation et de la compensation des pertes fécales en cas de diarrhées importantes.

N’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire pour savoir quel soluté acheter et en quelle quantité l’administrer !

Comment fait-on en pratique ?

Un appareil à drencher ou drencheur comprend un tube buccal de protection de la sonde équipé d’une pince-mouchette pour maintenir la sonde en place, une sonde tubulaire d’environ 3 m de long et une pompe manuelle ou électrique sur batterie.

On commence par introduire le tube de protection dans la bouche de l’animal, afin de guider la sonde et de la protéger d’éventuels mâchonnements (si on ne dispose pas de tube buccal de protection, mieux vaut placer un pas-d’âne dans la bouche du bovin). On fait ensuite glisser la sonde à travers le tube jusqu’au pharynx. Pour faciliter le passage de la sonde dans l’œsophage, on peut stimuler la déglutition en frottant le palais du bovin avec les doigts tout en maintenant une légère pression sur la sonde. Une fois que la sonde a passé le pharynx, il faut bien vérifier qu’elle est dans l’œsophage et non pas dans la trachée (si la sonde est dans la trachée, on peut observer des mouvements d’air et/ou une toux du bovin). Si la sonde est bien dans l’œsophage, on continue doucement à l’enfoncer. Le passage du cardia (orifice supérieur de l’estomac) s’accompagne d’une expulsion de gaz dont l’odeur de jus de rumen est assez caractéristique. Le contrôle de la position intra-ruminale de la sonde se fait en soufflant dans la sonde (des bruits de bulle sont audibles du côté du flanc gauche), soit en y versant un peu d’eau (le bovin tousse si la sonde est dans les poumons).

Lorsque la sonde est bien en place, on raccorde l’autre extrémité au système de pompage puis l’extrémité basse de la pompe est plongée dans la solution à drencher. Le pompage doit être énergique afin de favoriser les mouvements de fluides intraruminaux et de stimuler ainsi la motricité ruminale.

La mise en place de la sonde est facilitée si le bovin peut être maintenu debout, avec la tête légèrement en extension dans l’axe du corps. Sur un veau, l’emploi du tube de protection buccal n’est pas nécessaire ; l’administration peut se faire sur l’animal couché ou en décubitus sternal, avec la tête vers le haut mais pas en extension.

Avec un peu d’expérience, le drenchage peut être pratiqué par une personne seule.

Quelles sont les complications possibles ?

La principale complication est l’administration de liquide dans les poumons, soit par un mauvais positionnement de la sonde (dans les poumons), soit par fausse déglutition.

Des lésions pharyngiennes peuvent également survenir en cas d’introduction trop brutale de la sonde.

Combien coûte un drencheur ?

Une pompe à drencher manuelle coûte environ 350 à 500 € H.T.et une pompe à drencher électrique sur batterie entre 700 et 800 € H.T. Il est toutefois possible d’en louer, renseignez-vous auprès des groupements ou de votre vétérinaire.

Le matériel doit être correctement nettoyé, voire désinfecté, après chaque utilisation et les pompes manuelles régulièrement lubrifiées.

L’embout de la sonde doit être parfaitement lisse pour ne pas créer de lésions au niveau de l’œsophage. Tout embout « mâchouillé » sera remplacé.

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