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Lutter contre les mammites chez les vaches laitières

Définition

Les mammites sont des inflammations du tissu mammaire dues à la pénétration de bactéries dans un ou plusieurs quartiers. Selon l’importance de la multiplication des bactéries, on parle de mammite clinique (signes cliniques importants) ou subclinique (mammite qui passe presque inaperçue).

Ces bactéries entrent dans le quartier par le trayon, soit au cours de la traite, soit lorsque la vache est couchée, le trayon en contact avec le sol.

Ces mammites sont la cause de pertes économiques importantes pour les éleveurs laitiers : baisse de production, lait jeté, accidents inhibiteurs, frais de traitement, augmentation de la charge de travail.

Ces maladies sont souvent multifactorielles mettant en cause la traite et la machine, la tenue de l’élevage, la qualité des bâtiments, l’alimentation et la gestion du troupeau.

> Les mammites se caractérisent par de l’inflammation qui est à l’origine de ce qui est retrouvé dans le lait sous le nom de cellules, qui sont en fait les globules blancs.

Les bactéries se trouvent dans le réservoir de la mamelle (mammites subcliniques, trayons abîmés, crevasses) : il s’agit principalement de Staphylocoques et  Streptocoques. Elles provoquent le plus souvent des mammites subcliniques.

Les bactéries de l’environnement sont les colibacilles et Streptococcus uberis ; elles entraînent généralement de mammites cliniques.

En pratique, chaque situation est particulière et le plan de lutte contre les mammites dans un troupeau de vaches laitières doit être réfléchi et adapté, au cas par cas, aux conditions épidémiologiques, de bâtiments, de conduite de traite et d’élevage.

Les mesures de prévention des mammites sont basées sur l’hygiène et s’inscrivent dans les pratiques d’élevage :

  • Entretien régulier de l’installation de traite,
  • Lavage et essuyage des trayons,
  • Désinfection des trayons après la traite,
  • Technique de traite adaptée,
  • Respect des normes de densité animale et d’ambiance de bâtiment,
  • Entretien correct des aires de couchage et d’exercice,
  • Traitement au moment du tarissement pour limiter les infections pendant la période sèche.

Les bâtiments et leur entretien

La vache laitière en production dégage jusqu’à 25 litres d’eau par jour, dans un bâtiment mal ventilé, cette humidité favorise la prolifération dans les litières des bactéries. Les bâtiments doivent être conçus de sorte qu’il y ait « de l’air sans courant d’air ».

Aussi, la lumière est indispensable à la reproduction et à la croissance car elle permet la synthèse de vitamine D. Elle joue également un effet « désinfectant » par les ultra-violets.

Les litières doivent être parfaitement entretenues pour lutter contre la multiplication des colibacilles et des Streptococcus  uberis. Il faut racler et pailler tous les jours et curer régulièrement.

En aire paillée, il faut compter 6 m² par vache, paillé à 1 à 1,2 kg par m². En logette, il faut compter 1,5 kg de paille/vache en système lisier et 2,5 kg /vache en système fumier.

Un vide sanitaire avec une désinfection totale des bâtiments peut être prévu une fois par an.

Le réensemencement des litières par des bonnes bactéries (qui entrent en compétition avec les mauvaises bactéries) peut être une option : il s’utilise une fois par semaine.

Les vaches et leur santé

Les mammites chez la vache laitière sont le fait des bactéries de l’environnement, la relation avec l’alimentation est donc indirecte, il n’empêche qu’une bonne santé de l’animal est un pré-requis à une bonne lactation et une bonne immunité pour diminuer la sensibilité aux infections.

Un état d’engraissement trop important avant le vêlage entraîne une baisse d’ingestion et un déficit énergétique en début de lactation qui favorise les œdèmes mammaires.

Les excès de concentrés, entraînant de l’acidose, augmentent le risque d’infection des vaches par une diminution de leur système immunitaire et une augmentation  de la population microbienne dans les litières (épisodes diarrhéiques).

De plus il faut complémenter les vaches en micronutriments et vitamines (vitamines A et E, cuivre, sélénium et zinc) qui ont un rôle majeur dans les défenses immunitaires.

La machine à traire : une bonne traite et une machine entretenue

Bien préparer la traite

L’hygiène de la traite consiste à nettoyer et essuyer les trayons avant la traite pour diminuer la charge bactérienne. Pour cela différentes techniques sont disponibles :

  • Lavette individuelle
  • Pré-trempage (sur des trayons propres) et essuyage papier individuel
  • Lingettes pré-imprégnées, douchette, brosse mécanique ou nettoyage à sec avec de la laine de bois
  • Tonte de la mamelle

Il convient de nettoyer les trayons, en insistant sur les extrémités, pendant 15 à 20 secondes, sans déborder sur les mamelles.

Pour favoriser l’éjection du lait et obtenir une traite rapide et complète, il faut déclencher le réflexe d’éjection ; le nettoyage favorise ce réflexe.

Après la traite, il faut préserver les trayons des gerçures et des plaies ; les produits à effet barrière forment une pellicule protectrice et un obstacle mécanique à l’entrée des germes par le canal.

Des bonnes conditions de travail

Le lieu de travail doit être le plus propre possible. Pour cela le fait de mouiller les quais avant l’entrée des animaux facilite leur nettoyage à la fin de la traite. Les manipulateurs doivent se laver avec soins les mains et les avant-bras ; s’ils ont des plaies, il faut porter des gants étanches et jetables. Les vêtements doivent être dédiés à la traite, lavables et propres.

S’il y a des bouses pendant la traite, il faut les évacuer rapidement et se relaver les mains si nécessaire.

A la fin de la traite, les locaux sont raclés et lavés (salle, couloirs et aire d’attente) ainsi que les faisceaux trayeurs, les tuyaux et la vaisselle de traite.

Il faut éviter les poussières et les mouches.

La salle est totalement désinfectée 2 à 3 fois par an.

Un bon déroulement de la traite

Les entrées d’air sont nocives car à l’origine de contamination du lait et de variations de vides trop importantes génératrices d’impact. Pendant la traite, les manchons doivent être stables et le décrochage se fait en douceur, en contrôlant qu’il n’y ait ni sous-traite, ni sur-traite.

> Le phénomène d’impact correspond à une projection violente et à contre-sens de gouttelettes de lait, et de microbes, sur l’orifice du trayon. Il se produit lorsque les manchons glissent ou lors d’entrée d’air.

Une machine bien réglée

Un défaut de réglage de la machine à traire est très souvent l’origine de mammites subcliniques. Certains signes peuvent vous alerter : des congestions des trayons, des anneaux de compression, des micro-hémorragies, des extrémités dures, des trayons très rugueux, des canaux ouverts en permanence, des trayons aplatis ou des lésions de la peau.

Soyez attentifs au manomètre, aux bruits inhabituels, au niveau et à la circulation de l’huile, entretenez tous les 6 mois les cordelettes, les membranes et les courroies, et remplacez les manchons au moins une fois par an…

Faites contrôler régulièrement vos installations.

En cas de mammite que faire ?

Reconnaître la présence d’une mammite

Les premiers jets sont systématiquement examinés, dans un bol à fond noir (couleur, consistance) ainsi que l’état de la mamelle (rougeur, douleur, chaleur).

Le dépistage peut aussi se faire par le comptage par le contrôle laitier, ou le test indirect CMT (Californian Mastitis Test).

Les mammites suraiguës ou dues à certains germes (colibacilles) provoquent une forte atteinte de l’état général avec une forte fièvre, une forte chute de la production pouvant aller de façon exceptionnelle jusqu’à la mort.

Gérer les mammites

Les mammites cliniques sont traitées précocement selon le protocole de soins fourni par le vétérinaire ou selon sa prescription.

Les mammites subcliniques sont prises en charge en général au tarissement, elles peuvent motiver la réforme de la vache. Elles peuvent être traitées de façon exceptionnelle, ponctuellement en cours de lactation en fonction de la concentration cellulaire et du seuil de pénalité, selon la prescription du vétérinaire.

Prévenir médicalement les mammites

Il existe des vaccins contre les mammites qui peuvent vous être conseillés par votre vétérinaire.

Le tarissement est la période clé pour entretenir et garantir la bonne santé de la mamelle. S’il y a des infections subcliniques, il faut les traiter. Il est possible d’utiliser des bouchons obturateurs.

C’est également le moment de réaliser les traitements antiparasitaires et ceux pour lutter contre les maladies métaboliques (fièvre de lait) et les troubles de la mise-bas (œdème de la mamelle, non-délivrance).

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