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Les métrites de la jument


Le terme de métrite au sens strict désigne une inflammation de l’utérus. Chez la jument, le terme est un peu abusif, il s’agit le plus souvent d’endométrite : l’inflammation ne concerne que l’endomètre (partie la plus superficielle de la muqueuse utérine). Il existe toutefois une métrite vraie, qui fait suite au poulinage et est beaucoup plus grave qu’une endométrite.

Remarque : la métrite contagieuse des équidés fait l’objet d’une fiche pratique spécifique.

Pourquoi les juments sont-elles fréquemment atteintes de métrite ?

Les métrites ont essentiellement une origine infectieuse. Toutes les situations qui favorisent la pénétration et le développement de germes dans l’utérus exposent donc la jument à une métrite.

  • - Le poulinage est LA période à risque : la cavité utérine est alors largement ouverte sur le milieu extérieur, les lochies* constituent un très bon milieu de culture, permettant une croissance rapide des germes, et enfin l’utérus, distendu par la gestation, est totalement atonique (son contenu ne peut s’évacuer vers l’extérieur).
    > En cas d’avortement, l’avorton et ses enveloppes constituent également un excellent milieu de culture, de même que les restes de placenta en cas de non-délivrance ou de délivrance incomplète.
  • - Certaines anomalies anatomiques comme un pneumo-vagin ou un pneumo-utérus, sont à l’origine de la pénétration d’air et donc de germes dans le vagin ou l’utérus.
  • - Certains œstrus particulièrement longs en début de saison de monte augmentent le risque de pneumo-vagin, de souillures de la vulve et d’infection en cas de saillies répétées.
    > A chaque cycle, le col de l’utérus s’ouvre très largement. Cependant, la nature est bien faite : pendant l’œstrus, sous l’influence des œstrogènes, l’endomètre augmente ses capacités de défense grâce à une tonicité renforcée et une production accrue d’anticorps.
  • - Les germes sont nombreux dans le pénis et le fourreau de l’étalon ou dans le sperme lui-même. Les risques de contamination sont d’autant plus importants au moment de la saillie ou de l’insémination artificielle que la concentration en chevaux augmente : regroupement des juments dans la station de monte, utilisation de matériel commun… Certaines juments sensibles présentent de façon systématique une réaction inflammatoire de l’endomètre au contact des spermatozoïdes.
  • - Les lésions dégénératives chroniques de l’endomètre, de type fibrose, augmentent également les risques de métrite.

Quels sont les symptômes de la métrite ?

L’endométrite est une affection relativement bénigne, sans symptômes généraux. L’endométrite aiguë se manifeste par la présence de sécrétions plus ou moins abondantes sous la queue ou sur les cuisses, à la commissure inférieure de la vulve et/ou sur le plancher du vagin. Une endométrite chronique peut passer inaperçue et se révéler au cours d’un dépistage de routine.

> L’endométrite représente la 1ère cause d’infertilité chez la jument : au moment de son arrivée dans la corne utérine (6ème jour), l’embryon meurt du fait de l’environnement infecté. La plupart des juments vides au 1er diagnostic de gestation (14ème jour) sont en fait des juments présentant une métrite chronique responsable de résorption embryonnaire.

En revanche, la métrite post-partum, qui est une « vraie » métrite affectant la totalité de l’épaisseur de l’utérus, est une affection grave, potentiellement mortelle : elle s’accompagne de signes généraux (inappétence et fièvre) et peut conduire à une septicémie ou une fourbure.

Comment mettre en évidence une métrite ?

Le diagnostic de certitude repose sur :

- Un examen clinique qui montrera des sécrétions plus ou moins séchées sur la face inférieure de la queue, la face interne des cuisses et la vulve, puis un examen gynécologique pour rechercher ces mêmes sécrétions au niveau du vagin et du col de l’utérus.
- Une échographie renseignera sur la présence éventuelle de liquide dans l’utérus.
- Un prélèvement de sécrétion suivi d’une analyse de laboratoire permettront l’identification des germes responsables.

> Il est également possible de réaliser une biopsie de l’utérus (prélèvement d’un petit fragment de tissu) pour des analyses histologiques, afin de confirmer le diagnostic et d’obtenir un pronostic sur l’avenir reproducteur de la jument selon l’importance et la sévérité des lésions.

Quel est le traitement des endométrites ?

Le traitement des endométrites associe :

- Des lavages utérins suivis de siphonages : on instille dans l’utérus 1 à 2 litres de liquide physiologique tiède, éventuellement additionné d’un antiseptique. Le contenu utérin est ensuite recueilli par gravité. L’opération est répétée jusqu’à l’obtention d’un liquide clair, soit 3 à 4 lavages. Le lavage-siphonage permet l’élimination rapide des sécrétions et des germes.
- Des antibiotiques administrés par voie locale et choisis selon les résultats de l’antibiogramme.

> Si nécessaire, il est possible de provoquer l’ouverture du col et la vidange de l’utérus grâce à l’administration de prostaglandines ou d’ocytocine.

Le traitement des métrites post-partum doit être plus énergique : administration d’antibiotiques par voies locale et générale, d’anti-inflammatoires et lavages utérins répétés, une à deux fois par jour, avec un volume de liquide physiologique adapté à l’utérus qui involue (20 litres le 1er jour puis diminution progressive). L’ocytocine et une légère activité de la jument favorisent la vidange utérine.

Que faire pour éviter les métrites ?

Le meilleur des traitements restant la prévention, quelques mesures d’hygiène strictes doivent être respectées pour limiter les risques d’introduction de germes pathogènes dans l’appareil génital des juments.

  • - Utiliser pour les soins locaux ou les examens gynécologiques du matériel à usage unique (gants, compresses, coton…) ou stérilisés (spéculum…) et s’assurer que le passage des juments à la barre se fait dans de bonnes conditions d’hygiène (désinfection du matériel et du personnel).
  • - Si la conformation de la vulve prédispose la jument aux pneumo-vagins, ne pas hésiter à pratiquer une vulvoplastie (suture de la vulve).
  • - Au moment de la saillie ou de l’insémination artificielle, désinfecter soigneusement les organes génitaux et l’intérieur des cuisses de la jument (ne pas oublier de bander la queue). Désinfecter soigneusement la verge de l’étalon après chaque saillie. Eviter si possible les grands rassemblements de juments d’origine diverse en période de monte.
    > Si la jument est prédisposée aux endométrites post-saillie, vous pouvez effectuer de façon préventive un lavage-siphonage dès la 4ème heure post-saillie ou IA.
  • - Lors du poulinage, respecter des mesures hygiéniques strictes : lavage des mains des intervenants, box de mise-bas propre… La délivrance doit être complète et réalisée si possible dans les 6 heures qui suivent le poulinage.
    > Ne pas hésiter à pratiquer des prélèvements de contrôle en cas de doute : avant la saillie et 9 jours après un poulinage difficile ou une délivrance manuelle.

En conclusion : le pronostic des endométrites est généralement bon, sauf pour celles à Klebsiella qui ont tendance à récidiver après un « blanchiment » temporaire. Les Klebsiella se logent en effet dans des cryptes de la muqueuse utérine, ce qui les met hors d’atteinte des traitements locaux. En revanche, les complications de fourbure et de septicémie des métrites post-partum sont fréquentes et peuvent être mortelles.

* Pertes de sang, de débris de muqueuse et de sécrétions (lymphatiques et glandulaires) s’écoulant par le vagin pendant les quelques jours qui suivent la mise-bas, jusqu’à la pleine cicatrisation de la paroi utérine où était accroché le placenta.

Les germes les plus fréquemment rencontrés lors de métrite sont les Streptocoques ß-hémolytiques (50 à 60% des prélèvements bactériologiques positifs) et Escherichia coli (25%). D’autres bactéries sont possibles, mais plus rares : Klebsiella pneumoniae, Pseudomonas aeruginosa, Corynebacterium sp. et Staphylococcus aureus. Toutes ces bactéries sont présentes dans l’environnement normal de la jument et peu pathogènes, sauf si elles s’accumulent dans l’utérus du fait d’un facteur anatomique prédisposant ou de mauvaises pratiques d’élevage.

Les mycoses utérines (Aspergillus ou Candida) sont exceptionnelles chez la jument.

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